
La
SORCIÈRE
Mais quel est donc cet étrange personnage qui arpente le Vieux-Lyon ?
Ne serait-ce pas la célèbre Sorcière du Vieux-Lyon ?
Sa fière et sombre silhouette ne passe pas inaperçue, attirant les enfants et intriguant les plus grands.
Si vous lui montrez patte blanche, elle vous mènera par les souterrains et passages secrets de la cité en vous contant histoires et légendes oubliées. Mais, prenez garde tristes sires et passez bien vite votre chemin si vous ne voulez pas vous retrouver transformés en crapauds ou pire !
Au fil des ruelles et traboules de ce quartier pittoresque, laissez-vous entrainer dans cette insolite aventure durant laquelle les anecdotes espiègles de la Sorcière se mêlent habilement à une découverte du patrimoine de Lyon.
Alors, jeunes chevaliers ou vénérable sages, sagaces érudits ou aimables curieux, entre amis ou en famille, ayez la bravoure de venir cheminer en compagnie de la Sorcière…

Sa
biographie
Bien peu d’éléments fiables nous permettent de connaître en toute certitude la vie de la Sorcière du Vieux-Lyon.
Nombres de théories, voire d’anecdotes fumeuses ou d’élucubrations en tous genres ont émaillé ses différentes biographies.
Sans chercher une exactitude ou une exhaustivité qui ne peuvent être de mise avec pareil personnage, il convient ici de donner seulement quelques repères au visiteurs curieux d’en apprendre un peu plus sur la si mystérieuse histoire de la Sorcière.
Plusieurs chroniqueurs la font naître en cette funeste année de Mille cinq cent vingt-cinq et on peut raisonnablement penser qu’elle a dû voir le jour pendant la nuit, le premier paradoxe dont sa vie sera si féconde. Ce serait donc pendant cette fameuse nuit du trente et un octobre où la lune, restée pleine depuis plusieurs jours, aurait enfin consentie à livrer à notre monde celle qui allait devenir la Sorcière la plus puissante de son temps.
Si sa naissance à cette époque de l’année, période propice à de nombreuses manifestations magiques, ne surprend pas, certains lettrés avancent l’hypothèse que sa conception coïnciderait avec le vingt-quatre février et la bataille de Pavie.
Les esprits supérieurs, émus par la déroute du parangon de l’esprit chevaleresque François Ier, auraient décidé d’adoucir le malheur de son royaume en lui façonnant un émissaire d’entre les Mondes.
Les savants de l’époque avait déjà remarqué, dans le ciel quelques mois auparavant, une comète annonciatrice de grands bouleversements.
Et on avait effectivement crû voir dans les prémices de la Réforme ou les ors de la Renaissance, la matérialisation de ces changements politiques et culturels ; mais aucun érudit ne pouvait alors soupçonné la véritable nature de l’événement qui se tramait.
C’est dans ces temps incertains et troublés que naquit entre Rhône et Saône, celle qui allait bien vite devenir la Sorcière du Vieux-Lyon.
De son enfance peu d’informations nous sont parvenues, mais on peut imaginer aisément le classique apprentissage de leurs différents arts.
Il semble par contre avéré que hormis quelques voyages précoces, elle passa l’essentiel de ses premières années sur la colline de la Croix-Rousse, un lieu qui a beaucoup changé ces deux derniers siècles mais qui était alors une douce colline verdoyante égayée de quelques fermes.
On était encore très loin de l’industrieuse et turbulente Croix-Rousse de la soie et des Canuts !
Non, le décor idyllique de la colline d’alors se prête plus à l’étude et à la rêverie, deux penchants dont notre Sorcière ne se départira jamais.
A sept ans, elle est adulte selon les lois en vigueur dans l’autre Monde.
De ses nombreuses pérégrinations dans la cité, on retiendra ses premiers exploits et, surtout, ses premières rencontres. C’est ainsi notamment qu’elle croise Rabelais probablement en Mille cinq cent trente trois.
La légende a retenu la truculente entrevue dans une fameuse auberge de l’époque où le plaisant trublion avait ses habitudes.
Nul doute que ces deux fortes personnalités à l’esprit libre ne pouvaient que s’entendre comme larrons en foire et on peut penser que l’un a probablement inspiré l’autre et vice-versa ;
ainsi la médecine de Rabelais a sans conteste été influencé par les connaissances des astres et des herbes de notre jeune sorcière quand elle-même a sans doute donné à sa vie une dimension pantagruélique dans bien des domaines.
A suivre …